Gaze Letter N°6: Thérèse
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Cher·e vous,
J'ai toujours été admirative des femmes qui maitrisent l'art de la punchline. "My name is Thérèse, dans quelle langue veux-tu qu'j'le dise ?", chante l'artiste française d'origine sino-lao-vietnamienne pour imposer son identité multiple et son nom, difficile à oublier. Dans ses titres, dix punchlines à la minute. Et sur sa chaîne Youtube, on trouve autant de clips futuristes que de tuto "self love". Quand elle a lancé son clip, "Chinoise ?", elle l'a accompagné d'un long paragraphe expliquant son urgence à "compiler les clichés, les détourner, les démonter." Ah oui : en voyant la date de sortie, février 2021, on comprend mieux. À ce moment - rappelez-vous - une vague de haine déferlait sur les communautés asiatiques, les rendant symboliquement responsables de la pandémie mondiale de Coronavirus. Naviguant entre les stéréotypes centenaires qui entourent son identité asiatique, Thérèse a choisi de prêcher ses valeurs sur un son pêchu. Et si au lieu de se bourrer le crâne de préjugés, on nourrissait un peu notre âme de culture? —Mélissa Chidiac
Dear you,
I have always admired women who master the art of the punchline. "My name is Thérèse, what language do you want me to say it in?", sings the French artist of Chinese-Laotian-Vietnamese origin to impose her multiple identity and her name, which is hard to forget. In her songs, there are ten punchlines per minute. And on her YouTube channel, there are as many futuristic clips as there are "self love" tutorials. When she launched her clip, "Chinoise?", she accompanied it with a long paragraph explaining her urgent need to "compile clichés, subvert them, dismantle them." Ah yes: the release date, February 2021, makes it clearer. At that time - remember - a wave of hatred was breaking over Asian communities, holding them symbolically responsible for the global Coronavirus pandemic. Navigating the centuries-old stereotypes surrounding her Asian identity, Thérèse chose to preach her values with a peppy sound. What if, instead of filling our heads with prejudices, we fed our souls with culture? —Mélissa Chidiac
"PERSEPOLIS", Marjane Satrapi (2000)
Je crois que "Persepolis" est ma première réelle prise de recul concernant les conflits géopolitiques entre l'Iran, l'Irak et leurs liens avec l'Occident. Elle a questionné ma vision sur la place des femmes dans nos sociétés, sur le port du voile, sur l'Islam et "les Islams", sur le sujet l'ingérance politique, de l'intégration, des fossés culturels, de l'engagement ou la dévotion politique, de la notion de liberté. J'aime les œuvres qui démocratisent des sujets complexes avec un soupçon de légèreté et d'humour en posant des questions, plus qu'en apportant des réponses.
I believe that "Persepolis" was my first real perspective on the geopolitical conflicts between Iran, Iraq and their links with the West. It called into question my vision about the place of women in our societies, the wearing of the veil, Islam and "the Islams", the subject of political interference, integration, cultural gaps, political commitment or devotion, the concept of freedom. I like works of art that democratise complex subjects with a hint of lightness and humor by asking questions, more than providing answers.
"JUMBO", Zoé Wittock (2020)
C'est un des films qui m'a le plus marquée ces dernières années. C'est l'histoire d'une jeune femme plutôt introvertie qui tombe amoureuse d'un manège. Aussi loufoque que cela puisse paraître sur le papier, j'ai trouvé cette idée absolument sublime. Le film interroge le concept d'amour, la légitimité des sentiments. C'est une jolie leçon de ce que peut être l'acceptation, la compréhension et l'incompréhension des proches. Je salue notamment "la scène de cul" que j'ai trouvé très léchée (c'est le cas de le dire), ainsi que le plan d'ouverture, magique.
It is one of the films that has marked me the most in recent years. It is the story of a rather introverted young woman who falls in love with a merry-go-round. As crazy as it sounds on paper, I found this idea absolutely sublime. The film questions the concept of love, the legitimacy of feelings. It is a nice lesson about what the acceptance, understanding, and misunderstanding of close relations can be. I particularly liked the "sex scene" which I found very polished (in more ways than one), as well as the opening shot, magical.
“MATANGI", M.I.A. (2013)
On touche là à un domaine où le choix devient plus difficile pour moi... J'ai choisi cet album car il m'a bouleversée. Outre la musique - intéressante car elle mélange sonorité bass music, electro, hip-hop et sonorités sri lankaises traditionnelles dans un format comestible par le grand public - c'est aussi la femme que j'admire. Son audace, sa badasserie, son style, son engagement et son rapport si simple au public. Elle impose le respect.
This brings us to an area where the choice becomes more difficult for me ... I chose this album because it moved me deeply. Besides the music - which interesting because it combines bass music, electro, hip-hop, and traditional Sri Lankan sounds in a format that is accessible for the general public - I also admire the woman. Her daring, her badass-ness, her style, her commitment, and her simple relationship with the public. It commands respect.
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