Gaze Letter N°30: Hortense Belhôte
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Cher·e vous,
C'était à une de nos évènements, une table ronde avec, parmi les invitées, l'historienne de l'art Hortense Belhôte. Je prends mon diplôme d'histoire de l'art à deux mains, et tente d'impressionner la créatrice de Merci de ne pas toucher (dont la saison 2 commence le 17 janvier sur Arte) : "Quelle est la première oeuvre aux significations queer que tu aies découverte ? Moi, c'était l'histoire de la Fontaine de Marcel Duchamp.
- Et bien, raconte-la nous."
S'ensuit un tunnel de mots, une interminable spirale de faits incongrus, un Ted talk non-sollicité. Je sens les minutes passer, mais je ne peux cesser de parler. Cher·e vous, à nos prochains talks, prenez le micro avant moi, pour le bien de tous·tes. – Mélissa Chidiac
Dear you,
It was at one of our round tables on the female gaze in the arts, when the art historian Hortense Belhôte was amongst our guests. With my art history diploma in mind, i tried to impress the creator of "Merci de ne pas toucher ! (Please do not touch!)", back for a second season on January 17 on Arte: "What was the first work with queer meanings that you ever saw? For me, it was the story of Marcel Duchamp's Fountain.
- Well, tell us about it."
There follows a tunnel of words, an endless spiral of incongruous facts read in obscure queer theses. I can feel the minutes pass, but I can't seem to stop talking. Dear you, at our next talk, take the mic before I do, for everyone's sake. - Melissa Chidiac
"BROKEN ENGLISH", MARIANNE FAITHFULL (1975)
Les voix de femmes éraillées sont rares dans la pop. On dit qu’on y entend l’alcool et la drogue, mais c’est surtout des voix qui ne sont pas fragiles et qui ne sont pas soumises aux vicissitudes du temps. Elles chantent jusqu’à 70, 80, 90 ans, et ça aussi c’est rare. Pour moi c’est vital, cette grand-mère trash qui te susurre à l’oreille ce que ta mère n’a pas le droit de te dire. Comme une berceuse qui te donne envie de ne surtout pas t’endormir. Ou en tout cas pas sobre.
Hoarse female voices are rare in pop music. People say you can hear alcohol and drugs in them, but it is mostly voices that are not fragile, and are not subject to the vicissitudes of time. These women sing until they are 70, 80, 90 years old, and that too, is rare. For me it's vital; the trashy grandmother who whispers what your mother is not allowed to tell you in your ear. Like a lullaby that makes you not want to fall asleep. Or at least not sober.
"WITTIG", ÉMILIE NOTÉRIS (2022)
Wittig est devenue une icône en France ces dernières années, et dans ce livreNotéris retranscrit l’importance de son héritage et la singularité de son parcours, avec beaucoup de délicatesse et de respect des points de vue. On est amené·e à se poser plein de questions littéraires, théoriques, poétiques, polémiques, historiques, artistiques, sociétales, raciales, grammaticales… au-delà de ce qu'on croit connaître du personnage.
Wittig has become an icon in France in recent years, and Notéris captures both the importance of her legacy and the singularity of her journey, with great sensitivity and respect for all points of view. She encourages us to ask ourselves literary, theoretical, poetic, polemical, historical, artistic, societal, racial, and grammatical questions that are far beyond what we think we know about the character.
SARAH MALDOROR'S WORK / L'OEUVRE DE SARAH MALDOROR (1969-2009)
Pour beaucoup de non-cinéphiles comme moi, la filmographie de cette réalisatrice une découverte totale, à la fois puissante et tragique parce qu’on se retrouve face à un trou béant : l’oubli. Le patrimoine français a invisibilisé l’héritage des femmes, du cinéma décolonial et des luttes sociales. Malheur à elle, Maldoror était à l’intersection des trois. Son oeuvre nous oblige à faire péter des verrous et révèle des liens nouveaux entre l’art, la vie et la nécessité de créer.
For many non-cinema buffs like me, the filmography of this director is a total discovery, both powerful and tragic because it brings us to the rim of a gaping hole: oblivion. French cultural heritage has made the heritage of women, of decolonial cinema and of social struggles invisible. Unfortunately for her, Maldoror was at the intersection of all three. Her work forces us to break open long-closed locks and reveals new links between art, life and the need to create.
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