Gaze Letter N°23: Neïla Romeyssa

 

Ceci est un aperçu de la Gaze Letter, la newsletter culturelle de Gaze Magazine. Pour la recevoir un jeudi sur deux en entier, inscrivez-vous !

This is a preview of the Gaze Letter, the cultural newsletter of Gaze Magazine. To receive it every other Thursday in its entirety, subscribe!

Cher·e vous,

Comme un exil, les mots de Neïla Romeyssa traduisent ce sentiment irrépressible de ne plus savoir où est sa place dans le monde. La poétesse algérienne, basée en France depuis ses 18 ans, est passée par ce qui seraient les cinq étapes du deuil d'un pays quitté : l'espoir, la culpabilité, la solitude, la nostalgie, la désillusion. Des émotions, donc. Elles qui semblent interdites aux personnes immigrées, et pourtant, ces émotions sont si fortes qu'elles sentent leurs coeurs chavirer entre un pays et l'autre, sans arrêt. Commun Exil, c'est le podcast de Neïla Romeyssa. Il suffisait d'enlever une lettre, poser sa voix sur ses bagages, et on était un peu moins seul·es. —Mélissa Chidiac

Dear you,

Like an exile, the words of 
Neïla Romeyssa translate the irrepressible feeling of not knowing where she belongs in the world. The Algerian poetess, based in France since she was 18 has gone through what would be the five stages of mourning for a country left behind: hope, guilt, loneliness, nostalgia, disillusion. Emotions, then. They seem to be forbidden to immigrants, and yet these emotions are so strong that they feel their hearts capsize between one country and the other, endlessly. Commun Exil is Neïla Romeyssa's podcast. All she had to do was put down (in words) her baggage, and just like that, the loneliness was gone. —Mélissa Chidiac


"MARX ET LA POUPÉE" MARYAM MAJIDI (2018)

Je l'ai lu en trois jours. Ce récit autobiographique ne m’a pas donné le choix : je buvais les phrases de Maryam, une à une. J’étais plongée dans la narration de ses douleurs refoulées de l’exil, de la révolution iranienne, des premières années en France et de tous ses souvenirs. Les romans qui tournent autour de l’exil m’attirent particulièrement, mais le talent de conteuse de Maryam a donné une sensibilité à l'œuvre ; à la fois douce et poignante, que je n’ai trouvé nulle part ailleurs. 

I read it in three days. This autobiographical story gave me no choice: I drank Maryam's sentences, one by one. I was immersed in the narration of her repressed pains of exile, of the Iranian revolution, of the first years in France and of all her memories. Novels that revolve around exile are particularly appealing to me, but Maryam's talent as a storyteller gave a sensitivity to the work; both gentle and poignant, that I have not found anywhere else.


"LES BIENHEUREUX", SOFIA DJAMA (2018)

Le premier long-métrage de la réalisatrice dresse un portrait d’une Algérie post guerre civile. Les conséquences de cette décennie noire demeurent dans l’intime, et c’est ce qui m’a plu dans cette réalisation. J’ai cru voir mes proches, mes parents, mes amis et quelque part, je me suis vue aussi. La question que se posent les personnages a toujours raisonné en nous: quel avenir avons-nous en Algérie ?

The director's first feature film paints a portrait of post-civil war Algeria. The consequences of this dark decade remain in the intimate, and that's what I liked about this film. I thought I saw my relatives, my parents, my friends and somewhere, I saw myself too. The question that the characters ask themselves has always resonated with us: what future do we have in Algeria?


CHEIKHA RIMITTI (1940-2006)

Il faut découvrir toute la discographie de Cheikha Rimitti pour connaître son parcours et son combat via la musique.Sa voix mi-rauque mi-grave narre des réalités qui, habituellement, restent cachées pour ne pas déchaîner les passions de la société. La pionnière du raï algérien chante, sans tabou, les difficultés des femmes, leurs sexualités et désirs. Et c’est pour ça qu’elle est une figure que j’admire. Cheikha Rimitti est, pour moi, la pionnière du raï et du féminisme.

You have to discover the entire discography of Cheikha Rimitti to know her journey and her fight via the music. Her half-raucous, half-grave voice narrates realities that usually remain hidden so as not to unleash the passions of society. The pioneer of Algerian rai sings, without taboos, the difficulties of women, their sexuality and desires. And it is for that that she is a figure that I admire. Cheikha Rimitti is, for me, the pioneer of rai and feminism.

 

Inscrivez-vous pour recevoir la Gaze Letter en entier, un jeudi sur deux.
Subscribe to receive the Gaze Letter in its entirety, every other Thursday.

 
 
Clarence Edgard-Rosa